Hello :))

Aujourd’hui, je vous retrouve pour le récit de mon 2ème marathon que j’ai couru le 25 novembre dernier. Le marathon de Florence. Et quel marathon !! Riche en rebondissements mais aussi en galères. Il restera dans les annales ! Ça c’est sûr.

Il a été créé en 1984. Du coup, c’est pour la 35ème édition que je me suis alignée auprès de près de 10000 autres coureurs. Mais avant le compte rendu à proprement parler, laissez-moi vous raconter notre périple vers la Capitale toscane.

Nous avions planifié notre départ pour Florence, le 23 Novembre. Et les choses ne se sont pas DU TOUT passées comme prévu. Déjà, nous avons mis 7h de route au lieu des 5 prévues. Nous sommes arrivés en pleine nuit et le pire de tout : au moment de décharger la voiture et notamment la nourriture des chiens (nourris au BARF et du coup glacière de 12 kg de bidoche oblige) mon père entend un CRAAAC! !! Non, vous ne rêvez pas : Mon père venait bel et bien de se bloquer le dos. Sa participation au marathon était donc fatalement compromise. C’est officiel ! La douleur est telle que pour lui, le marathon : C’est terminé. Je prendrai donc seule le départ de ce marathon. Pour le reste de notre programme, nous avions l’intention de profiter un peu de la ville, de flâner dans les rues, de s’émerveiller devant el duomo et les premières illuminations de Noël… Bref, un bon petit weekend un poil sportif en Italie. Cependant, la météo n’en avait pas du tout décidé ainsi : Il a plu tout le week-end (marathon inclu) avec toutefois une petite accalmie le samedi. Ni une ni deux, que nous en avons profité. Mon père a quand même pu venir avec nous. Après un bon bain chaud, ça allait un peu mieux. Reste que le jour du marathon, au lieu de courir, il aurait la « douloureuse » tâche de garder les chiens. Pas de la tarte quand les dits animaux sont deux jeunes chiens de 11 mois de gabarits plutôt… imposants ( beauceron et chien loup tchécoslovaque). Ce sera donc ma Mamoun’ qui sera avec moi, et qui me supportera dans tous les sens du terme.

 

Le samedi matin, nous sommes tous ensemble allés chercher les dossards. Pas question pour mon père de passer à côté des échantillons de lessives sportives, de la bière et surtout du tee shirt manches longues rouge aux couleurs de la ville. Hyper adapté aux conditions de météo et aux températures actuelles, on en a bien besoin (oui-oui même dans le Sud).

Je dois dire que je n’avais jamais vu autant de monde au retrait des dossards. Un véritable Studyrama du running. Les exposants se bousculent. Nous pouvons tester des tapis de course, toutes les marques du game sont là… Une organisation du tonnerre. Nous étions super bien aiguillés et même moi qui suis la pire quiche pour m’orienter dans ce genre d’endroit, je ne me suis pas perdue.

Une fois sortis du théâtre et après un saut à la maison pour déposer les affaires nous sommes partis en excursion. La pluie nous a enfin laissé un peu de répit et nous avons pu nous promener dans le quartier historique. Et vas-y que je me pâme devant le Dôme, le David et que je flâne le long de l’Arno et sur le Ponte Vecchio. Difficile pour moi d’imaginer que le lendemain, je serai là, à courir mon deuxième marathon. Mais bon, pour peu que mes chaussures soient sèches, ça devrait bien se passer. Pourtant, ma prépa ne s’est pas si bien déroulée… Je n’ai fait que 2 sorties « longues » de 20 km et ma dernière sortie running remonte au dimanche d’avant… Pas le meilleur entrainement qui soit donc. Cependant, je déborde d’énergie et  j’ai une meilleure condition physique que l’année dernière. Et comme j’ai déjà fait des courses plus longues, j’ai bon espoir de terminer ce marathon.

Le soir venu, je décide de me coucher assez tôt. Je suis toujours un peu stressée avant une course et je préfère donc bien me reposer avant demain. De plus, nous avons sillonné la ville sur plus de 20km, du coup je  laisse mes jambes se reposer (un peu).

Le lendemain matin, Jour J. Je me réveille à 5h du matin. Je n’ai pas l’habitude. Comme notre logement est à 30 min du centre ville et donc du départ, j’ai pu faire une « grasse matinée ». D’ordinaire, mon réveil c’est plutôt vers 3h. Je donne à manger aux chiens et j’attaque mon rituel course. Mon blender étant resté à la maison, je me prépare un bon bol de fruits. J’avale aussi 2 cafés pour…tu sais bien ;))  A 7h, c’est l’heure de quitter l’appart. Je charge ma mère des dernières petites affaires qui pourront m’être utiles après la course. Pull, barres protéinées, mes manchons récup… J’essaye de ne rien oublier. La pluie est déjà à l’œuvre et au bout de 2m, mes chaussures sont déjà trempées. J’hésite à  les vider mais je me rends vite compte que ça ne sert pas à grand chose. je vais devoir courir avec des floc floc et du jus de pieds… Je bénie le sac poubelle que j’ai sur le dos et qui me maintient un peu au sec. Heureusement, point positif : il ne fait pas trop froid. 13°C il me semble. Je fais rapidement tomber le coupe vent. J’ai bien fait de m’équiper avec mon sac de trail. Je profite de la rue déserte pour faire le petit pipi du stress. J’ai peur qu’il y ait du monde dans les sas. Je ne me trompe pas.

Une fois arrivée, dernier bisou à ma mère et je me dirige vers mon sas. Je m’échauffe rapidement. Rien de bien extraordinaire. Je saute sur place, quelques squats et rotations de membres. De toute manière, je ne vais pas partir vite. Les meneurs d’allures s’installent. C’est marrant, en Italie, les meneurs d’allures sont affublés de ballons qui indiquent les barrières horaires. L’heure du départ approche. Je fixe le Dôme qui se dresse devant moi. Il est somptueux même sous cette pluie battante. Mon père m’appelle pour me souhaiter bonne chance. Il m’enverra des sms tout au long de la course. L’ambiance est absolument folle. Tout le monde est venu en masse malgré la pluie. La musique donne des fourmis à mes jambes. 8h30: c’est parti.

 
Je m’élance mais je reste raisonnable quant à mon allure. Oui c’est bien un marathon que je cours, alors pas question de se griller. Les 10 premiers kilomètres passent tous seuls. Il faut dire que les italiens sont doués pour mettre l’ambiance. Ils ont dressé des sortes de mini scènes où se produisent des groupes de rock. Cette musique me donne l’impression d’être une warrior. « Allé la Ragazza » « Allé France ». Ça réchauffe, d’autant que la pluie ne se calme pas. Je me demande si j’ai bien fait de prendre un legging. Tous les autres participants sont en short. Peu importe. De toute manière je ne vais pas me changer maintenant.

Le paysage, quant à lui, est tout simplement magnifique. Nous passons tout d’abord dans le quartier historique puis vers un parc, ici un stade, là une cathédrale. Le rêve pour tout runner féru d’Art et d’Histoire.  Au 19ème kilomètre, nous revenons vers le quartier historique pour traverser l’Arno via le Ponte Vecchio. L’ambiance est à son comble. Mes jambes sont là. Je fends la foule pour taper dans la main de ma mère. Je cours, je suis heureuse. La pluie me fouette le visage mais je m’en fiche. Bon j’avoue que mes chaussures commencent à s’alourdir avec la flotte mais je continue. On dépasse le semi. La pluie s’intensifie. Je commence à avoir un peu peur pour mon téléphone. Qu’il décède par noyade. Ce ne serait pas la  première fois que ça m’arrive. Je le change de poche. Seulement, là il tape contre mes côtes. Les kilomètres s’enquillent. Je me motive. Désormais, il me reste moins de la moitié. Au 28ème km, mes jambes commencent à se raidir. Je jette un coup d’œil à ma montre. Si je tiens le coup, je peux espérer finir un peu sous les 4h. Je m’accroche.

Avec la pluie, mon dossard se désagrège peu à peu et avec mes doigts gours, je peine à remettre les épingles à nourrice. Je galère tellement que je réussis à accrocher mon pansement de pouce dans l’épingle. Ah, j’avais pas l’air maligne avec mon pansement pendouillant à mon épingle à nourrice. 30km. deuxième épingle qui me lâche. J’essaye de la remettre et dans mon empressement, je décolle la peau de la blessure protégée jadis par le pansement qui pends actuellement à mon dossard. Je pisse le sang. Il en coule sur mon dossard, sur mon bras. Je suçote mon pouce comme je peux avant de m’emparer d’une éponge. Au bout de 3km le sang commence enfin à coaguler. Mais pour moi, c’est la guerre. Je suis à feu et à sang. Mes jambes commencent sérieusement à tirer. Je suis un peu frustrée parce que le reste fonctionne plutôt bien. Je ne me suis arrêtée à aucun ravito, pas même pour boire et je n’ai rien mangé.

35ème km. Je me bats contre mes jambes. Ravito en vue, l’avant dernier. Je décide de m’arrêter une seconde et j’avale 2 verres d’eau. D’ailleurs, petite aparté, pour moi, c’est le seul point négatif de ce marathon : lors des ravitos, les poubelles font à peine la taille de poubelles de ville traditionnelles. Du coup, tous les coureurs balancent leurs affaires sur la route. Pas très écolo…. Mes jambes se décontractent une seconde avant que je ne reparte. Ça pique, mais je suis au bout. Mon allure faiblit, le manque de volume des derniers entrainements se fait sentir. Je grimace. J’essaye de me maitriser car nous arrivons au 39ème kilomètre et je dois retrouver ma mère. Je la vois parmi les gens. Elle filme avec son téléphone. Je me force  à sourire. Je ne veux pas qu’elle s’inquiète. Il me reste 3km. Nous revenons dans le quartier historique.

40ème km : dernier ravito. Maintenant cap sur vers la ligne d’arrivée. C’est tellement irréel. J’entends la musique, les cris, les encouragements. Je me laisse porter. Je vois l’arche. Je n’y crois pas. Je relance mes jambes pour franchir dignement cette arche et je lève les bras vers le ciel : JE SUIS FINISHER POUR LA SECONDE FOIS !!! On me remet la médaille. Je suis sur mon nuage. Je suis le flot de nouveaux marathoniens. On me donne une couverture de survie. Si je n’en voyais pas beaucoup l’intérêt au départ, la sensation de chaleur que cette dernière me procure me fait vite changer d’avis. Mon portable sonne. C’est ma mère qui me cherche. Je lui fixe un point de RDV et elle me retrouve rapidement. Elle me demande mon temps: 4h12.

Je me change. Je revêts mon pull pilou pilou, et je grignote une barre avant d’aborder l’ultime épreuve de la journée : Le retour au logement. 3km ou encore 1h de marche sous la pluie dans mon état. Mes jambes sont raides. Je souffre mais je suis heureuse. Je suis vivante.

 

Bref, une magnifique course à travers les éléments dont je garderais un souvenir impérissable. Et toi ? Aimerais-tu faire le Marathon de Florence ?

À très vite !!

Célia D.