Elles répondent aux doux prénoms de Ginger, Josyane, Simone, Adrienne, Marcelle et Edwige… Leur arrivée était tout à fait inattendue et non pas sans galères. Je vous conte ici leur histoire. Bon… En vrai, je ne la connais pas entièrement mais en voici les grandes lignes.

 

Il était une fois… un vieil homme qui, déçu par l’espèce humaine avait décidé de passer tout son temps à s’occuper de chiens mal aimés et de poules réformées. Il en récupérait de ci-de-là. Tantôt dans des refuges, tantôt, l’un de ses amis lui confiait une cocotte un peu trop vieille pour assurer son besoin en œufs, et du coup… bah, à défaut de la laisser finir en poule au pot…Il lui assurait une retraite paisible. Tout ce petit monde vivait donc simplement, dans un bonheur discret. Hélas, un jour, notre homme tomba malade. Un cancer de la gorge. Silencieusement, il continua son petit bout de chemin, tranquillement, sans faire de vagues. Au début, les habitants du village le voyaient occasionnellement, puis de moins en moins… de moins en moins, jusqu’à plus du tout. Un matin, sa voisine remarqua qu’une fenêtre de sa maison était restée ouverte. Sur le coup, cela ne l’étonna pas vraiment. Tous les matins, L’homme avait l’habitude d’aérer sa chambre. Rien d’inhabituel donc. Mais la fenêtre resta ouverte. Un jour, deux jours, trois jours… Le soir du quatrième jour, la police vint sonner au portail de la voisine et lui annonça la nouvelle. Le vieil homme n’était plus, ayant succombé à la maladie. Tout seul, chez lui.

La voisine (qui était ma mère) fut sous le choc. Elle n’avait absolument rien remarqué. Il est vrai qu’elle n’était pas amie avec cet homme-là, mais voilà 30 ans qu’elle le croisait chaque matin sur le pas de sa porte. Parfois, il lui donnait des œufs. Elle, des légumes. Une relation lointaine mais bienveillante malgré tout. Elle s’enquit alors de ce qui allait advenir des chiens et des poules de son voisin. Si l’homme avait déjà pris des dispositions concernant ses chiens, l’avenir des poules restait incertain. Après une délibération en famille plutôt rapide, le verdict fut sans appel : Les poulettes rejoindraient le foyer familial aussi tôt que possible. Enfin… juste le temps de leur construire un foyer digne de ce nom. Merci papa !

C’est là que j’entre en scène. Dès que nous avons appris que nous accueillerons les poules de notre voisin chez nous, je suis allée rendre une petite visite à ces dernières. Et ce que je découvris me tordit le ventre : Au moment de sa mort, le pauvre homme malade n’avait sans doute plus toutes ces capacités pour prendre soin de ses cocottes. Et ce, depuis un petit bout de temps. Une puanteur immonde s’élevait du cloaque sombre dans lequel elles demeuraient. Dans un recoin, une petite bâtisse en ferraille. A l’intérieur : huit poules. Dans l’ensemble, elles semblaient être en forme…Sauf deux d’entre elles. L’une était recroquevillée sur elle-même, l’œil blanc et l’autre, la blanche, avait l’air hagard et le plumage tout tâché de boue. Je poursuivis mon inspection à la recherche d’éventuels parasites. OUF ! Rien à signaler de ce côté-là. J’entrepris alors de les faire sortir au soleil, puis je nettoyai et ratissai le sol dépourvu d’herbe et jonché d’excréments de chien et de fiantes sèches. Je leur donnai de l’eau et du grain. Les poulettes se ruèrent sur la gamelle que je leur posai  à terre et picorèrent avec ferveur. Voilà deux jours qu’elles n’avaient rien mangé. J’en profitai alors pour jeter un œil sur leur paillasse à l’intérieur du poulailler : aucun œuf à l’horizon. Je ne suis guère étonnée. Pas besoin d’être vétérinaire pour comprendre qu’avec cet environnement et une alimentation simplement composée de grain, plus tout jeune, les pauvres oiseaux étaient sans doute en carences. L’une d’elle doit être une ancienne réformée…Elle n’a presque pas de plumes. Je décidai alors de les nommer. La rousse la plus taquine, ça sera Ginger, l’autre rousse un peu malade qui est bien dodue : Bernadette (on sent les influences de Chicken Run), la blanche, Edwige (je vous laisse deviner la  référence). Quant aux autres, je dois vous avouer que j’ai un faible pour les prénoms anciens en ce qui concerne les poules. Va pour Marcelle, Elise, Adrienne, Simone et Josyane.

Le jour suivant, mon père commença la construction du poulailler à la hâte. Mais ne voulant surtout pas bâcler les travaux afin d’assurer une construction pérenne et sécuritaire pour les poules (nous avons des renards dans le jardin), nous avons convenu que les poules resteraient chez mon voisin encore quelques semaines. Et j’en serai la responsable.

Mon opération remise en forme pouvait alors commencer. J’allais les voir plusieurs fois par jour, je leur parlais, j’essayais de les socialiser, je leur donnais des vers de farine, des épluchures de légumes… Les poulettes étaient farouches, mais elles semblaient apprécier ma compagnie et commencèrent gentiment à se laisser caresser. Au bout d’une quinzaine de jours : Miracle ! Les poules se remirent à pondre. J’avais de l’espoir. Je croyais même voir des améliorations chez Bernadette, la poule qui avait l’air malade. Mais je me réjouissais un peu trop vite : Une semaine plus tard, l’état de Bernadette se dégrada brusquement et je la retrouvai morte du jour au lendemain. La semaine suivante, rebelote, de manière complètement inattendue, ce fut au tour d’Elise, de nous quitter. Une Mort aussi rapide qu’inexplicable. Toutes les autres se portaient pourtant très bien… Nous avons enterré Bernadette et Elise dans notre jardin et planté deux arbres à leurs pieds, notamment Amamya, l’un de mes deux petits érables japonais (oui, je donne des noms à mes arbres).


Aujourd’hui, cela fait 8 semaines que je m’occupe de ces poules et ma foi elles ont l’air d’aller plutôt bien. Elles pondent toutes, de manière assez aléatoires (elles ne sont pas toutes jeunes je pense), me reconnaissent et arrivent en caquetant joyeusement dès que je les appelle. J’en culpabilise même, si je ne leur apporte pas quantité de salades, persils et autres feuilles vertes dont elles sont très friandes. Le soir, lorsque je ferme leur enclos, j’ai même droit à mon petit fan club qui vient me danser la salsa (Ginger, Simone et Josyane) pendant que les trois autres mamies à plumes, restent à lézarder sur leur perchoir.

Et en pratique ça donne quoi ? Comment est-ce que je prends soin de mes poules ?

 Leur espace de vie (gare aux renards !)

Pour le moment, elles vivent encore chez mon voisin le temps que mon père termine la construction du poulailler. Nous avions d’autres chantiers en cours et la construction de ce poulailler nous a un peu pris au dépourvu.

Je vous épargne la fois où Makalu a essayé de dévorer le facteur à cause du portail qui fermait mal ?
Bref… Les évènements de la vie nous ont fait revoir notre copie et je vais devoir surveiller Makalu et les fesses du facteur pendant encore quelques temps ahah

Concernant le plan de notre futur poulailler, mon père a utilisé le livre (…) dont il s’est inspiré pour créer notre poulailler idéal. Un bâtiment fonctionnel et résiliant où il fait bon vivre et surtout, qui est parfaitement sécuritaire. En effet, nous avons une famille de renards qui zone aux abords de chez nous, et même s’ils sont adorables, s’ils se faisaient un snack à base de Ginger (la poule la plus coquine, et qui a tendance à se sauver), je serai bien malheureuse.

Il fallait aussi qu’elles aient de la place pour gratter, grignoter, courir et également pour pondre tranquillement et se reposer. Nous souhaitions également qu’il soit le plus facile possible à nettoyer, que le risque de parasites soit quasi nul, qu’elles n’aient pas trop chaud en été, pas trop froid en hiver, qu’elles soient protégées des tentatives de jeu des chiens, qu’elles ne puissent pas non plus grignoter toutes les plantes comestibles du jardin… Bref, un vrai casse-tête pour satisfaire tout ce petit monde… Cependant, après mûres réflexions, je pense que nous avons trouvé le plan idéal.

A terme, elles auront un poulailler avec trois pondoirs, deux perchoirs, une volière intégrée (le tout bien grillagé pour éviter les prédateurs) et un grand enclos de presque 100m2 pour vaquer en journée. Nous leur construirons également un peu plus tard un tracteur à poules leur permettant de sillonner le terrain entier (presque 4000m2) sans risques pour elles de se faire bousculer par les chiens. Je pense qu’elles seront plutôt bien.

Si vous souhaitez un article/vidéo uniquement consacré sur la conception de ce poulailler, n’hésitez pas à me le stipuler en commentaire. Je vous le ferrai dès que possible, lorsque ce dernier sera terminé et que j’aurais le recul suffisant quant à son utilisation pour vous en faire un retour.

L’hygiène au poulailler

Pour le moment, j’utilise la paille que mon voisin avait encore en stock. Je la change toutes les semaines environ. Je ratisse également le sol et je veille à ce qu’il ne reste pas d’herbes mouillées  trop longtemps au contact du sol. Pour notre poulailler à nous, je pense que nous utiliserons du broya de bambous et de bois ainsi que du foin réalisé à partir d’herbes de notre jardin. J’aspire à être autonome au maximum à ce niveau-là. Je pense toutefois, et notamment en hiver (ou simplement dans les pondoirs), garder une petite couche de paille…J’y réfléchis encore… Mais j’ai la chance d’avoir un producteur de paille en bas de chez moi alors autant en profiter ! Comme ça, au moins, l’approvisionnement resterait un minimum en local.

Qu’est-ce que je leur donne à manger ?

Les poules sont des animaux omnivores. Elles mangent donc à peu près tout ce que nous consommons, nous, être humains. Pour ma part, je leur donne toutes sortes d’épluchures de cuisine, les restes ménagers…En fonction de leurs préférences ! Par exemple, j’ai remarqué qu’elles n’aiment pas trop les épluchures de patates ni celles de carottes mais qu’elles se régalent avec celles de concombre, les feuilles de chou-fleur, ou encore avec les peaux de bananes et la salade. J’adapte donc, et ce qu’elles boudent, bah…ça finit au compost puis au potager. Je leur donne également de temps à autres des orties, de l’ail et des graines de courges pour lutter contre les parasites internes. Je leur ai mis une pierre de sel qu’elles peuvent grignoter quand ça leur chante et je m’assure qu’elles aient à disposition toute la journée du grain (bio et sans OGM) qui reste propre. Elles se régulent seules. Je leur ajoute de temps à autre quelques coquilles d’huitres et évidemment je leur laisse toujours de l’eau fraîche et propre à disposition. Quitte à la changer plusieurs fois par jour. Parfois, je leur fais cuire quelques-uns de leurs œufs (cuisson poché) que je leur redonne ensuite à manger. Elles adorent ça !

Sont-elles proches de moi ?

Je suis quelqu’un qui aime beaucoup BEAUCOUP parler aux animaux (avec des voix étranges la plupart du temps). La première des choses que j’ai faite, c’est de m’adresser à elles avec leur prénom. Je ne sais pas si elles les reconnaissent vraiment, mais je crois que de leur parler les a habituées à ma voix et à ma présence. J’ai passé également beaucoup de temps dans leur enclos, assise par terre, à les nourrir et à les observer. Lorsque j’ai vu qu’elles commençaient à se rapprocher de moi, j’ai tenté de les caresser, mais sans jamais les forcer. Visiblement, ça marche. Il y en a encore trois qui sont un peu timides dans l’enclos (elles se laissent approcher au pondoir) mais je ne me fais pas de souci. Il faut laisser le temps au temps. La clé c’est la patience, et nous avons toute la vie pour nous apprivoiser.

je suis vegan, qu’est-ce que je fais des oeufs ?

Je ne mange plus d’œufs depuis, au moins 8 ans. Et ce n’est pas parce que j’ai des poules que cela va changer. Pour ma part, je souhaitais avant tout, offrir un joli cadre de vie à des poules qui n’auraient pas eu la vie facile, sans aucunement prendre en compte cette histoire d’œufs étant donné que je n’en consomme pas. Mes parents, eux, consomment des œufs de temps en temps, mais ce n’est pas du tout ce qui a guidé leur choix. Or, nous avons 6 poules, ce qui donne environ entre 3 et 6 œufs par jour. Nous arrivons donc rapidement à un stock d’œufs qui dépasse largement ce qui est réellement consommé. Notre solution ? Une fois par semaine, je donne un œuf à chacun de mes chiens, et comme je vous le disais juste avant, j’en redonne aussi aux poules. Occasionnellement, nous en donnons également à notre entourage. Je me dis que cela fera toujours ceux-là de moins qui ne seront pas acheté dans le commerce.


Je n’ai pas la sensation de voler ou d’exploiter mes poules. D’une part, parce que nous les avons récupérées d’abord pour les être qu’elles sont et non pas pour ce qu’elles peuvent nous apporter (fumier pour le jardin et œufs, entre autres). D’autre part, nous ne nous faisons aucun argent à leur dépends, ni à partir de ce qu’elles produisent. Et nous ne comptons pas commencer ! Je les aime, je les respecte, elles font maintenant parti de la famille jusqu’à leur dernier souffle.

Et vous ? Avez-vous des poules à la maison ?
A très vite !

Célia D.